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être la femme de mon fils, parce que mes amis et moi trouvons la chose avantageuse et convenable ? Mon fils ne la connaît pas, n’importe ! Elle ne lui plaira peut-être en aucune façon ; il lui déplaira peut-être également : n’importe encore ! Cela ferait plaisir à mon fils aîné, à mon amie la duchesse, à tous les habitués de mon petit salon. Il faudrait que mon fils fût dénaturé, s’il ne sacrifiait pas sa répugnance à cette fantaisie ! Et si mademoiselle de Xaintrailles s’avise de ne pas le trouver parfait, elle ne sera plus digne du nom qu’elle porte ! … » Vous voyez bien, mon amie, que tout cela est insensé, et je m’étonne beaucoup si un seul instant vous avez pu le prendre au sérieux !

Caroline se débattit en vain contre l’indicible joie que lui causait cette déclaration ; mais elle se rappela vite tout ce que le duc lui avait dit et tout ce que le devoir lui commandait de dire elle-même.

— Vous m’étonnez aussi beaucoup, reprit-elle. N’avez-vous pas donné votre parole à votre mère et à votre frère de voir mademoiselle de Xaintrailles à l’époque fixée ?

— Aussi la verrai-je ce soir ; c’est une rencontre arrangée de manière à ce que le hasard paraisse l’amener, et qui ne m’engage en aucune façon.

— C’est là un faux-fuyant que je n’admets pas dans une conscience comme celle du marquis de Villemer ! Vous avez donné votre parole de faire tout votre possible pour reconnaître le mérite de cette personne et pour lui faire apprécier le vôtre.