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pas recevoir d’argent, que c’était trop peu de chose, et que le marquis n’avait jamais compté louer à des étrangers la maison de son vieux cousin.

Si Caroline fut vivement touchée de ces bontés de son ami et heureuse de voir le sort de sa famille si amélioré, elle n’en ressentit pas moins une douleur au cœur. Il lui sembla que c’était un adieu de celui dont l’existence allait se séparer à jamais de la sienne, et comme un compte réglé par sa reconnaissance. Elle refoula cette douleur, employa ses matinées pendant plusieurs jours à promener sa sœur et les enfants, à acheter le trousseau de la petite pensionnaire, et enfin à l’installer au couvent. La marquise voulut voir madame Heudebert et la belle Élisabeth, qui allait perdre au couvent son doux sobriquet de Lili. Elle fut charmante pour la sœur de Caroline, et ne laissa point partir l’enfant sans un joli cadeau ; elle voulut que Caroline eût deux jours de liberté pour s’occuper de sa famille, lui faire ses adieux et la reconduire au chemin de fer. Elle-même se fit conduire au couvent pour y recommander Élisabeth Heudebert comme sa protégée.

Camille avait vu aussi le marquis et le duc chez leur mère ; elle n’avait osé présenter que Lili à son bienfaiteur, les autres enfants n’étant pas assez raisonnables mais M. de Villemer voulut les voir tous : il alla rendre visite à madame Heudebert à l’hôtel où elle était descendue, et y trouva Caroline au milieu de ces enfants dont elle était adorée. Elle le trouva, lui, non pas rêveur, mais comme absorbé dans la contem-