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de Saint-Geneix. Ce qu’il y eut de vraiment bon en lui, c’est qu’à partir du jour où il sut les sentiments de son frère pour elle, elle cessa d’être une femme à ses yeux. Il avait été cependant ému à ses côtés pendant quelques jours, et la vérité l’avait surpris dans une heure de dépit et de fièvre. Du jour au lendemain, il abjura toute mauvaise pensée, et, touché de voir que le marquis, après un accès de jalousie terrible, lui avait rendu sa confiance entière, il connut pour la première fois de sa vie l’amitié honnête et vraie pour une jolie femme.

Au mois de juillet, Caroline écrivait à sa sœur :

« Sois donc tranquille, il y a beau temps que je ne veille plus le malade, car le malade n’a jamais été si bien portant ; mais j’ai toujours gardé l’habitude de me lever avec le jour dans la belle saison, et tous les matins j’ai plusieurs heures à consacrer au travail qu’il a bien voulu me permettre de partager avec lui. Lui-même à présent dort d’un très-bon sommeil, car il se retire à dix heures, et ici il m’est permis d’en faire autant. J’ai même souvent de précieux intervalles de liberté dans la journée. Le voisinage des bains d’Évaux et de la route de Vichy nous amène du monde aux heures où la marquise avait coutume de s’enfermer à Paris, et tout en disant que cela la dérange et la fatigue, elle en est charmée. La grande correspondance en souffre, mais cette correspondance a diminué d’elle-même depuis le projet de mariage pour le marquis. Ce projet absorbe tellement