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encore ! lui dit-il ; il n’est pas tard. Mon frère m’a veillé un peu dans la soirée, il va revenir.

Caroline ne se permit aucune objection, elle ne songea seulement pas à ce que le duc pourrait penser en la trouvant là, à ce que les domestiques pourraient dire s’ils la voyaient rentrer chez elle : en présence d’un ami en péril, elle ne supposait même pas l’outrage du soupçon. Elle resta.

Le marquis voulait lui parler encore, il n’en avait pas la force. — Ne parlez pas, lui dit-elle. Essayez de dormir, je vous jure de ne pas bouger.

— Quoi ? vous voulez que je dorme ? Mais je ne le puis pas… Quand je m’endors, j’étouffe.

— Et pourtant vous êtes accablé de fatigue, vos yeux se ferment malgré vous. Eh bien ! il faut obéir à la nature. Si vous avez encore une crise, je vous aiderai à la supporter, je serai là.

La confiance et la bonté de Caroline eurent sur le malade un effet magique. Il s’endormit, il reposa paisiblement jusqu’au jour. Caroline s’était assise près d’une table, et maintenant elle savait quel était son mal physique, et comment il fallait le soigner, car, sur cette table, elle avait trouvé une consultation avec le traitement simple et rationnel signé d’un des premiers médecins de France. Le marquis, pour rassurer son frère sur sa manière de se soigner lui-même, lui avait montré cette pièce revêtue de l’autorité d’un grand nom, et la pièce était restée là, sous la main, sous les yeux de Caroline, qui l’étudiait avec un grand soin. Elle vit