Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dites ? Soyez franche avec moi, si quelque chose vous y chagrine. Eh ! mon Dieu ! il y a toujours et partout quelque petite chose qui cloche !… Profitez de ce que me voilà pour me le confier. J’ai quelque ascendant sur la marquise, sans le chercher, à coup sûr ; mais elle aime les têtes folles, et puis moi, qui suis d’un naturel heureux et qui n’ai jamais besoin de rien pour moi-même, j’ai le droit de servir mes amis sans me gêner.

— Vous êtes très-bonne, répondit Caroline ; mais ici tout le monde aussi est bon pour moi, et si j’avais quelque ennui, je le dirais tout simplement.

— À la bonne heure, merci, dit Léonie en prenant la promesse pour elle. Eh bien ! et le duc ? il ne vous a jamais taquinée, le beau duc ?

— Très-peu, et c’est fini.

— Bien, vous me faites plaisir de me dire cela. Savez-vous qu’après vous avoir écrit pour vous engager à entrer ici, j’ai eu un remords de conscience ? Je ne vous avais point parlé de ce grand vainqueur ?

— Il est vrai que vous aviez semblé craindre de m’en parler.

— Craindre, non ; je l’avais complétement oublié ; je suis si étourdie ! Je me suis dit ensuite : « Mon Dieu, pourvu que mademoiselle de Saint-Geneix ne soit pas ennuyée de ses manèges ! » car il en a, des manèges, et avec tout le monde !

— Il n’en a pas eu avec moi, Dieu merci.

— Alors tout est bien, répondit Léonie, qui n’en