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comme un enfant. Tâte mon cœur à présent ; il est rafraîchi. Le rêve a passé là comme une brise.

— Puisque tu te sens mieux, lui dit le duc après s’être assuré qu’il y avait réellement du calme, tu devrais en profiter pour tâcher de dormir. Tu veilles, que c’est effrayant ! Le matin, quand je pars pour la chasse, je vois souvent ta lampe qui brûle encore.

— Et pourtant, depuis bien des nuits, je ne travaille plus !

— Eh bien ! si c’est insomnie, tu ne veilleras plus seul, je t’en réponds ! Voyons tu vas te coucher, t’étendre sur ton lit.

— C’est impossible.

— Ah ! oui, tu étouffes. Eh bien ! tu t’assoiras et tu sommeilleras. Je resterai près de toi. Je te parlerai d’elle jusqu’à ce que tu ne m’entendes plus.

Le duc conduisit son frère dans sa chambre, l’installa sur un grand fauteuil, le soigna comme une mère eût soigné son enfant, et s’assit près de lui, tenant sa main dans les siennes. Là, toute la bonté de sa nature reparaissait, et Urbain lui dit pour le remercier :

— J’ai été odieux ce soir ! Dis-moi bien que tu me pardonnes.

— Je fais mieux : je t’aime, répondit Gaëtan, et je ne suis pas le seul. Elle aussi pense à toi à l’heure qu’il est.

— Mon Dieu ! tu mens, tu me berces avec une