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d’éloges, reconnut que Caroline n’entendait pas la vie de ressources, et cessa de s’occuper d’elle jusqu’au jour où d’anciennes amies, qui peut-être plaignaient Caroline plus sincèrement, firent savoir à Léonie qu’elle cherchait une place d’institutrice dans une famille sérieuse ou de lectrice chez quelque vieille dame intelligente. Léonie aimait à protéger, elle avait toujours quelque chose à demander pour quelqu’un ; c’était l’occasion de se faire voir et de plaire. Se trouvant à Paris dans ce moment-là, elle se hâta plus que les autres, et tout en cherchant, elle tomba sur la marquise de Villemer, qui renvoyait précisément sa lectrice. Elle en voulait une vieille à cause de monsieur le duc, qui aimait trop les jeunes. Madame d’Arglade fit ressortir les inconvénients de l’âge qui avaient rendu Esther acariâtre. Elle diminua de beaucoup aussi la jeunesse et la beauté de Caroline. C’était une fille d’une trentaine d’années, assez bien autrefois, mais qui avait souffert et qui devait être fanée. Puis elle écrivit à Caroline pour lui dépeindre la marquise, pour l’engager à se présenter vite et pour lui offrir de partager son pied-à-terre à Paris. On a vu que Caroline la trouva partie, se présenta elle-même à la marquise, l’étonna par sa beauté, la charma par sa franchise, et fit par l’ascendant et le charme de son aspect plus que Léonie n’avait espéré pour elle.

En voyant Léonie grasse, pimpante et dégourdie, mais ayant conservé ses mines de petite fille et même exagéré son blaisement enfantin, Caroline fut étonnée,