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XII


Madame d’Arglade était mariée à un grand fonctionnaire de province. C’est dans le Midi qu’elle s’était fait présenter chez la marquise de Villemer, alors que celle-ci résidait l’été dans une terre considérable, vendue depuis pour liquider les dettes de son fils aîné. Madame d’Arglade avait cette nuance particulière d’ambition étroite et persévérante dont quelques femmes d’employés, petits ou grands, sont des spécimens assez remarquables. Parvenir pour briller et briller pour parvenir, c’était la seule pensée, le seul rêve, la seule faculté, le seul principe de cette petite femme. Riche et sans aïeux, elle avait apporté sa dot à un noble ruiné pour servir de cautionnement à une place de finance et pour mettre de l’éclat dans sa maison, ayant fort bien compris que, dans cette condition d’existence, le meilleur moyen d’acquérir une grande fortune, c’était de commencer par en avoir une convenable et de la dépenser largement. Replète, active, jolie, froide et adroite, elle regardait une certaine dose de coquetterie comme un devoir de sa position, et se targuait intérieurement de la haute science qui consiste à promettre des yeux et jamais