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tant un poulain de votre ferme. Cela ressemble à un sanglier et trottine de même. Il a du feu, des jambes, et c’est très-doux. Mademoiselle de Saint-Geneix pourrait le monter, si par hasard elle aimait l’équitation.

— Je l’aime beaucoup, répondit-elle, mon père tenait à cela, et je n’avais pas de chagrin à le contenter.

— Alors vous êtes excellente écuyère, je parie ?

— Non, j’ai de l’aplomb et la main légère, comme toutes les femmes.

— Comme toutes les femmes qui montent bien, car en général les femmes sont nerveuses et veulent mener les hommes et les chevaux de la même façon ; mais ce n’est pas là votre caractère !

— En fait de gens, je n’en sais rien. Je n’ai jamais essayé de mener personne.

— Oh ! vous essayerez bien quelque jour ?

— Ce n’est pas probable.

— Non, dit la marquise, ce n’est pas probable. Elle ne veut pas se marier, et, dans sa position, elle a grandement raison.

— Oh ! certes, reprit le duc ; le mariage sans fortune doit être un enfer !

Il regarda Caroline pour voir si elle serait émue d’une pareille déclaration. Elle resta impassible, elle avait renoncé au mariage sincèrement et sans retour.

Le duc, voulant juger si elle se cuirassait contre l’idée d’une faute sans réparation, ajouta, pour ne