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première aube de notre monde, quand la lumière fut créée, c’est-à-dire quand l’atmosphère terrestre, dégagée de ses tourmentes, laissa percer les rayons du soleil sur la jeune planète éblouie. L’homme existait-il alors ? Hypothèses !… Mais il existait déjà à l’époque où ces terribles laves qui m’environnent ont envahi et bouleversé le sol. On a retrouvé des ossements humains à l’état fossile au pied d’une montagne voisine, sous les basaltes et les scories, dans une brèche compacte, — les restes d’un vieillard et d’un enfant. L’homme a donc vu ces grands drames de la nature, dont la tradition était si bien perdue qu’il a fallu l’arrêt de la science moderne pour les restituer à l’histoire du globe sur ce point de la France. Chose plus étonnante encore, dans la même couche du sol où l’on trouve des ossements humains, on trouve ceux des animaux réfugiés aujourd’hui sous les latitudes ardentes. Les tigres, les éléphants auraient été ici les contemporains de l’homme.

Au reste, la multitude de cavernes qui portent les empreintes d’un travail manuel grossier prouve l’existence d’une race sauvage établie sur ce point dès les premiers âges de l’humanité. Si les lieux élevés que les fluctuations de la mer ont respectés dès le principe doivent être regardés comme les berceaux du genre humain, on peut, sans invraisemblance, imaginer que celui-ci est un des plus authentiques ; mais ceci dépasse les limites de ma recherche. Ce qui m’importe, à moi, c’est de retrouver dans les êtres actuels la trace