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DAMIEN. — Oui ! la dernière, c’est dans l’ordre. Il faut se faire désirer. Tudieu ! quelle toilette ! Des grains d’or dans les cheveux ! Ah çà, est-ce qu’elle croit venir aux Italiens ?

MAURICE. — Aux Italiens ? J’espère bien que nous allons enfoncer tout ça, et je ne trouve pas qu’il y ait de trop belles toilettes pour une représentation comme celle que nous allons leur flanquer ! C’est égal ! je vas me payer de regarder encore une fois ces créoles, ça me donnera du cœur pour commencer. Ah ! que la lionne de Noirac est bien badigeonnée ! Cette femme-là a un fameux chic, il faut lui accorder ça… Mais c’est gai, elle est effacée ce soir. La voilà qui met la bouche en cœur pour parler à madame Brown, elle admire ses filles, elle lui en fait compliment. Bon ! la voilà qui se retourne vers Gérard et qui les abîme tout bas, j’en suis sûr !

DAMIEN. — J’ai entendu ce qu’elle leur disait : elle les invite à souper.

EUGÈNE. — Bon ! ça me va ! il faudra se mettre sur son trente-six, alors ! L’habit noir ?

DAMIEN. — Et l’esprit pas trop chatoyant ; ce ne sera pas tout à fait les mêmes métaphores qu’hier à la maison blanche.

MAURICE. — À propos, elle est bien partie, cette fois, la lorette ? Elle n’est pas là, par hasard ?

EUGÈNE. — Hélas ! non ; mais il paraît que le père Ralph ne l’a pas menée loin, puisqu’il est de retour.

MAURICE. — Pauvre lorette !

DAMIEN. — Pourquoi, pauvre lorette ?

MAURICE. — Je ne sais pas !… qui sait ?

DAMIEN. — Qui sait, quoi ! Dis donc ?

MAURICE. — Ma foi, je ne sais plus ce que je voulais dire, mais à tout péché miséricorde. Si l’étoffe est bonne, qu’importe que la broderie soit fanée !

DAMIEN. — Oui, mais elle tient, la broderie, et il s’agit de l’enlever pour en pouvoir mettre une neuve.

MAURICE. — Tout ça dépend de l’artiste qui s’en charge.

DAMIEN. — Il paraît que Florence n’a pas voulu s’en char-