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DAMIEN et MAURICE arrivent.

DAMIEN. — Puisque le conseil l’a décidé, et que le diable est réintégré dans ses fonctions, il s’agit de le retrouver. C’était par ici.

MAURICE. — Je tiens la branche.

DAMIEN. — Les alizes sont-elles mangées ? Tourne ta lanterne, que je voie.

MAURICE. — Les alizes sont mangées, et le diable aussi, car il n’y est plus.

DAMIEN. — Quelque enfant s’en sera fait un jouet. Ah ! tiens ! peut-être ce bonhomme qui rôde par là.

MAURICE. — C’est vous, maître Pierre ?

PIERRE, approchant avec précaution. — C’est vous, monsieur Maurice ?… Je voyais votre chandelle, et je croyais que c’était encore lui.

MAURICE. — Qui, lui ?

PIERRE. — L’autre !

DAMIEN. — Quel autre ?

PIERRE. — Rien, rien… Vous ne l’avez donc pas vu ?… Vous n’avez rien vu ?

DAMIEN. — Qui ? quoi ?

PIERRE, embarrassé. — Pas grand’chose, mon chapeau que j’ai laissé par là.

MAURICE. — Nous allons vous aider à le chercher, puisque nous avons une lanterne. Ah ! tenez, le voilà au beau milieu du chemin.

PIERRE. — Grand merci ! Je crois bien que, sans vous, je l’aurais cherché longtemps.

MAURICE. — Il n’était pourtant pas difficile à trouver.

PIERRE. — Peut-être bien, mais il est si malin, lui !

DAMIEN. — Votre chapeau ? il est malin ? C’est donc votre tête qui le rend comme ça ?

MAURICE, riant. — Mais quel diable de chapeau avez-vous là ?

PIERRE. — Oui, vous avez raison de le dire, un diable de chapeau ! car le diable s’est mis après lui et après moi. Il me l’a changé ! Voyez, voyez ! dire qu’en dix minutes il