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MADAME CHARCASSEAU, à quelque distance, parlant à son mari. — Bon ! voilà madame Paturon qui va être prise à espionner. Ah ! c’est bien fait ! Ça m’amuse.

JENNY, à madame Paturon que monsieur Malassy essaye en vain d’arracher à la porte. — Eh bien, madame, qu’est-ce que vous faites donc là ?

MADAME PATURON. — Rien, rien… je…

JENNY. — Non, rien ; vous écoutez aux portes… Et on prétend qu’il n’y a que les domestiques qui fassent de ces choses-là ?

MONSIEUR MALASSY. — Ma foi, je vous le disais bien que c’était ridicule, et cette demoiselle vous donne votre paquet ; vous ne l’avez pas volé !

(Madame Paturon, tout interdite, prend le bras de Malassy et s’en va rejoindre madame Charcasseau.)

JENNY, à la porte du pavillon, et parlant haut exprès. — Florence, êtes-vous là ? Je vous apporte votre dîner. (Élevant la voix en voyant que les bourgeoises l’écoutent.) Pourquoi laissez-vous les étrangers se promener dans le parc après le coucher du soleil ? Vous savez bien que madame l’a défendu. Allons, prenez vos clefs et reconduisez ces personnes-là, bien vite.

MADAME CHARCASSEAU. — Ah ! ma chère, sauvons-nous ! On va nous faire un affront, nous mettre à la porte. Ces laquais, c’est si insolent !

MONSIEUR CHARCASSEAU. — Oui, oui, dépêchons-nous.

MADAME PATURON. — Et Polyte ? Polyte qui est resté je ne sais où, grimpé après le mur. On va le voir…

MONSIEUR CHARCASSEAU. — Bah, bah ! tant pis pour lui. Pourquoi fait-il des bêtises ?

MADAME CHARCASSEAU. Il est bien élevé, votre jeune homme ! Aussi, vous lui donnez l’exemple !

MADAME PATURON. — Bah ! vous êtes encore drôle, vous ! Mais on va fermer les portes, et Polyte, comment sortira-t-il ? Il faut l’attendre.

MADAME CHARCASSEAU. Tant pis ! Il jouera des jambes, et s’il passe la nuit dans le parc, ça lui apprendra à être curieux et à nous attirer du désagrément.

(Il partent.)