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enfants ! voulez-vous donc me rendre folle ? Perdus, perdus ! ils vont mourir ! Petits, pauvres petits que j’ai couvés, vous n’aimez donc pas votre mère ? Revenez, revenez à moi ! la rivière est votre ennemie. Hélas ! hélas ! mes chers enfants, revenez bien vite au rivage !

LES PETITS CANARDS. — De l’eau, de l’eau ! Ah ! que c’est bon ! Vois, mère, comme nous voguons bien, comme nous allons vite ! L’eau court, et nous courons avec elle. N’aie donc pas peur, viens avec nous. L’eau ne mouille pas, l’eau ne tue pas. L’eau, c’est notre élément, notre vie ! Ah ! que c’est bon ! de l’eau, de l’eau !

LA POULE. — Oui, je vous suis ; mourons ensemble, méchants enfants ! Je sais bien que vous êtes perdus, je sais bien que l’eau fait mourir ! Allons, mourons ! adieu pour toujours le rivage ! Mais non, vous revenez, vous m’entendez enfin ! Venez vite vous sécher dans mes plumes. Ah ! que vous avez froid, pauvrets ! Vous n’y retournerez jamais, n’est-ce pas ! vous n’approcherez plus du rivage ?

LES PETITS CANARDS, rêvassant et babillant sous le ventre de la poule. — De l’eau, de l’eau, encore de l’eau ! Ah ! que c’est bon ! ah ! que c’est beau !