Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

GÉRARD. — Vous avez bien raison, Jenny ! voilà notre châtiment ! il est rude, mais il est mérité. Que faire donc, mon Dieu ?

JENNY. — Tenez, entrez dans le pavillon du jardinier ; personne ne viendra vous trouver là ; vous y passerez la journée, la nuit, s’il le faut ; et si l’on vient rapporter à madame que vous avez vu mademoiselle Myrto, je lui montrerai cette clef que je vais mettre dans ma poche, et c’est elle-même qui viendra vous délivrer.

GÉRARD. — Ah ! Jenny, vous êtes un ange !

JENNY. — Ne vous ennuyez pas trop là-dedans. Il paraît que le jardinier a beaucoup de livres. Je tâcherai de vous apporter à manger.

GÉRARD. — Ne pensez pas à cela ; je n’y songerai guère, je vous en réponds !…

JENNY. — Fermez les volets, que le pavillon ait l’air d’être désert. Courage, monsieur Gérard ! je reviendrai vous parler, s’il y a quelque chose de nouveau.




SCÈNE VII


À la maison blanche


MYRTO, MAURICE, DAMIEN, EUGÈNE, à table.

MYRTO. — Et les lettres existent tellement, que je vas vous les montrer.

(Elle se lève et passe dans une chambre.)

EUGÈNE. — Eh bien ! en voilà une d’histoire ! Est-ce que vous êtes curieux de voir les lettres, vous autres ?

MAURICE. — Non, ça m’ennuie.

DAMIEN. — Bah ! qu’est-ce que ça nous fait ?

MAURICE. — Ça te scandalise donc énormément, toi, qu’une femme du monde ait des amants ?

DAMIEN. — Moi, ça m’est diablement égal !