supporter… Il ne s’agit pas de moi. C’est ma maîtresse qui souffre tant, que j’en perds la tête. Je crains qu’elle n’en meure.
FLORENCE. — Mourir de chagrin, elle ? Je ne le crains pas.
JENNY. — Non, ce n’est pas un caractère à se laisser ronger par une idée fixe. D’ailleurs, on ne meurt pas de chagrin ! Mais, savez-vous ! elle a une tête si prompte, des idées si singulières ! J’ai peur qu’elle ne se tue, si d’ici à quelques heures je n’ai pas trouvé un moyen de lui donner au moins de l’espérance.
FLORENCE. — Le suicide ? Oui, ces cervelles-là en sont capables. Hâtons-nous, en ce cas. Que faut-il faire ?
JENNY. — Cette fille que vous avez vue tantôt…
FLORENCE. — Quoi ! vous la connaissez ?
JENNY. — Oui, je l’ai connue avant qu’elle se fût égarée, perdue ! Eh bien, elle est jalouse de monsieur Gérard ; elle a des lettres qui compromettent madame. Elle les a ici, elle veut s’en servir. Il faudrait les ravoir à tout prix. Comment faire ?
FLORENCE. — Impossible de vous le dire. Il y a mille manières et il n’y en a pas une seule. Tout dépend de l’occasion. Tous les moyens sont bons pour empêcher une créature humaine d’en tuer une autre…
JENNY. — Oui, n’est-ce pas ?
FLORENCE. — Dans le cas où nous sommes pourtant, vis-à-vis d’une femme, la violence est impossible.
JENNY. — Mais par adresse ? Cela ne vous répugnerait pas ?
FLORENCE. — Si, très-fort ; mais il faut savoir quelquefois vaincre sa propre répugnance.
JENNY. — Eh bien, alors, essayez donc vite.
FLORENCE. — La première chose à faire, c’est de s’attacher aux pas de cette fille et de ne pas la perdre de vue.
JENNY. — Il faudrait surtout l’empêcher de quitter trop vite le village et de parler à monsieur Gérard.
FLORENCE. — J’entends bien. Je cours m’habiller plus… agréablement, et je vais, où ?