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dans le chalet abandonné de Zemmi, qui avait assez bien résisté aux outrages de l’hiver. Tonino, d’ailleurs, m’aida à le consolider ; Félicie voulut y porter elle-même tout ce qui pouvait en rendre l’habitation supportable, et je m’y logeai pour une quinzaine, afin de surveiller la fonte des neiges, la formation de la Brame, encore enchaînée à cette époque sous la glace, et de prévoir les moyens de changer au besoin sa direction dans notre prairie.

On sait que les chalets de montagne, les vrais chalets, car nous donnons improprement ce nom aux riches maisons de bois des vallées, sont de véritables cabanes de berger, ingénieusement construites sur un plan très-exigu, afin de donner moins de prise au passage des ouragans. Il y a là tout juste la place pour dormir chaudement sans étouffer. Mais le chalet Zemmi, qui garda le nom de l’ancien propriétaire, se composait de deux corps de logis, dont un plus spacieux était destiné à abriter les jeunes chevreaux. Je fis de celui-ci mon cabinet de travail, je plaçai une vitre dans la lucarne, je m’étais muni de deux chaises et d’une table rustique ; je disposai un coin en cabinet de toilette. Tous les deux jours, on m’apportait mes provisions de bouche. J’étais là comme un sybarite.

Il y avait longtemps que j’aspirais à une vacance d’entière solitude ; ç’a toujours été ma fantaisie, peut-être une nécessité de mon caractère. Quand je vis avec mes semblables, ma pensée s’occupe d’eux si