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— Savez-vous, monsieur Sylvestre, qu’il est temps de régler nos affaires ? Vous allez me dire quelle part vous voulez dans mes bénéfices, et, comme il n’est pas juste que vous les attendiez, je suis prêt à vous faire l’avance que vous voudrez.

— Vous ferez, lui dis-je, quatre parts de vos bénéfices : les deux plus fortes pour votre sœur et vous, les deux plus faibles pour Tonino et moi. Réglez cela en temps et lieu comme vous l’entendrez, et ne m’avancez rien. Payez-moi seulement mon travail à la semaine, comme vous avez fait jusqu’ici.

— Mais il m’en coûte, reprit-il, de payer un homme tel que vous à la semaine, comme un manœuvre, et de penser que vous n’avez pas devant vous de quoi vous passer la moindre fantaisie.

— Le fait est que c’est honteux pour vous, Jean, dit Félicie, qui nous écoutait. J’en rougis, moi, et, si j’osais…

— Je n’ai pas de fantaisies, repris-je, et vous prévenez tous mes besoins. Je vis chez vous comme un prince, — bonne chère, bon logis, bon feu, une propreté délicieuse. J’ai de quoi m’habiller pour l’hiver, mon linge est entretenu ; je crois que si, nous comptions, je vous redevrais. Laissons cette question d’argent, elle me désoblige.

Il n’en fut plus question, et nous reprîmes nos travaux avec ardeur au printemps.

Ayant taillé de la besogne à Jean et à sa brigade d’ouvriers, je montai à la Quille et je m’y installai