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son complice. Si celui-ci avait eu l’initiative de l’attaque, il avait obéi à l’instinct viril, à la curiosité délirante de la puberté, à une première explosion des sens que Félicie avait subie jadis à ses dépens et dont elle connaissait bien le danger. Elle n’avait su ni réprimer cette explosion chez Tonino, ni l’épurer par une franche acceptation de l’avenir qu’il rêvait. Il était trop jeune, trop inconsistant, m’avait-elle dit alors, pour qu’elle pût songer à en faire son mari. Il fallait pourtant ou l’éloigner sans retour et sur l’heure, ou l’éloigner provisoirement et sanctifier sa passion par une promesse.

Mais non ; elle s’était éprise en ce temps-là d’un autre qui ne songeait point à elle. Elle avait vu en moi un être qui lui avait paru très-supérieur à Tonino et à elle-même. Elle m’avait aimé avec son orgueil et par besoin de chercher sa réhabilitation plus haut que dans son milieu. — M’avait-elle vraiment aimé ? Pourquoi non ? Elle avait eu l’aspiration au vrai, la curiosité de l’esprit, comme Tonino avait eu celle des sens. Je me rappelle l’ardeur avec laquelle ses yeux m’interrogeaient quand je parlais devant elle, puis ses questions, ses objections, son ergotage, ses soumissions enthousiastes, ses luttes renaissantes, les révoltes et les abandons de son âme troublée, ses inintelligences systématiques, ses élans généreux, ses feintes humilités, ses sourdes colères, ses lassitudes affectées, ses réveils spontanés, tout ce monde de pensées et de sentiments que nous avions remué ensemble dans nos longs entre-