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bien qu’il faudra s’y habituer et justifier toutes mes actions et toutes mes paroles. Sachez donc, cousine, que j’aime Vanina de tout mon cœur. Je vous ai dit non dans le temps : c’est que je ne croyais pas l’aimer ; mais j’ai pensé à elle tout le temps de mon absence, et, à présent que je la retrouve si jolie, si proprette, si charmante fille, et m’aimant toujours… comme son frère ! aujourd’hui surtout que je sens que vous ne m’aimez plus comme votre fils, je me dis que l’amitié d’une chevrière vaut mieux que rien, et je fais cas de ce que le ciel m’envoie pour me consoler.

— Aime-la, reprit Félicie ; tu ne peux pas mieux placer ton amitié ; mais, si tu lui parles d’amour…

— Vous me renverrez, vous l’avez déjà dit. Eh bien, je vous réponds que je lui parlerai d’amour et que vous ne me renverrez pas.

— Tu comptes l’épouser, alors ?

— Oui, ma cousine,… avec votre permission et celle de M. Sylvestre.

— Et c’est de cela que tu lui parles à voix basse depuis une heure ?

— Non, ma cousine ; je ne lui parle encore que d’amitié. Il me faut votre permission pour lui parler mariage : me la donnez-vous ?

— Moi ?… Oui, de premier mouvement ; mais je veux l’avis de M. Sylvestre, et tu auras la bonté de l’attendre.

— Je l’attendrai… à moins qu’il ne veuille avoir la bonté, lui, de me le donner tout de suite.