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aller tout à fait, ou rester ici un peu de temps, ou y rentrer pour toujours ? Du moment que vous êtes bon pour moi, tout ce que vous me conseillerez, je me ferai un devoir de m’y conformer.

— Eh bien, commencez par me dire bien sincèrement ce que vous souhaitez.

— J’aurais souhaité reprendre ici mon ancienne vie, travailler sous vos ordres, et avoir le bonheur de recevoir vos leçons comme au temps passé. Vous me paraissez toujours aussi doux et aussi paternel ; mais, si ma cousine m’a pris en aversion, j’aime mieux partir et devenir ce que je pourrai.

— Que deviendrez-vous, mon cher enfant ? avez-vous quelque projet ?

— Quel projet voulez-vous que j’aie ? Je suis dans une position qui n’a pas le sens commun. Me voilà comte del Monte, et je suis forcé de m’appeler Tonino Monti pour n’être pas ridicule. Je ne sais rien autre chose à fond que la gouverne des troupeaux ; je suis pasteur, comme disait mon pauvre cher cousin Jean, un bel état, lorsqu’on a à faire prospérer un troupeau à soi ou à sa famille, et un état fort doux quand on vit dans sa famille, quand on y trouve de l’amitié et qu’on y reçoit un peu d’instruction ; mais l’instruction que j’ai acquise jusqu’ici ne me met pas à même de remplir une fonction dans l’administration, dans l’industrie ou dans les arts. Je suis un mauvais comptable, je ne mordrai jamais aux chiffres écrits, bien que je sois fort à calculer de tête. Je ne suis pas assez