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qu’on se donne de la peine pour lui plaire, et moi, je m’en donnerai ; mais il me le paiera, car je ne lui donnerai de mon feu et de ma science que le rebut, encore trop bon pour lui.

Je ne pus calmer Célio. Il prenait beaucoup de café en jurant contre la platitude du café viennois. Il cherchait à s’exciter de plus en plus. La rage de sa défaite lui revenait plus amère. Je lui rappelai qu’il fallait aller au théâtre ; il y courut en me donnant rendez-vous pour le soir chez moi.


VI. — LA DUCHESSE.

A l’heure convenue, j’attendais Célio, mais je ne reçus qu’un billet ainsi conçu :

« Mon cher ami, je vous envoie de l’argent et des papiers pour que vous ayez à terminer demain l’affaire de mademoiselle Boccaferri avec le théâtre. Rien n’est plus simple : il s’agit de verser la somme ci-jointe et de prendre un reçu que vous conserverez. Son engagement était à la veille d’expirer, et elle n’est passible que d’une amende ordinaire pour deux représentations auxquelles elle fait défaut. Elle trouve ailleurs un engagement plus avantageux. Moi, je pars, mon cher ami. Je serai parti quand vous recevrez cet adieu. Je ne puis supporter une heure de plus l’air du pays et les compliments de condoléance : je me fâcherais, je dirais ou ferais quelque sottise. Je vais ailleurs, je pousse plus loin. En avant, en Avant !

« Vous aurez bientôt de mes nouvelles et d’autres qui vous intéressent davantage.

« A vous de cœur,

« CÉLIO FLORIANI. »


Je retournai cette épître pour voir si elle était bien à