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et cela m’a mis en colère. Puis, je me suis rassuré en la voyant aussi calme que si votre infidélité lui était la chose du monde la plus indifférente ; et, comme je vous aime, au fond, j’étais triste en pensant à la femme qui remplaçait Cécilia dans votre volage cœur. Voyons, dites, qui aimez-vous et où allez-vous ? Ne couriez-vous pas après la duchesse en passant par le village des Désertes ? Est-elle cachée dans quelque château voisin ? Comment le hasard aurait-il pu vous amener dans cette vallée, qui n’est sur la route de rien ? Si vous ne volez ; pas à un rendez-vous donné par cette femme, il est évident pour moi que vous êtes venu ici pour l’autre, que vous avez réussi à connaître sa retraite et sa nouvelle situation, si bien cachée depuis qu’elle en jouit. C’est donc à vous d’être sincère, monsieur Salentini. De qui êtes-vous ou n’êtes-vous pas amoureux, et vis-à-vis de qui prétendez-vous vous conduire en Ottavio ou en don Giovanni ?


Je répondis en racontant succinctement toute la vérité ; je ne cachai point que le vedrai carino chanté par Cécilia, sous ma fenêtre, m’avait sauvé des griffes de la duchesse, et j’ajoutai pour conclure : — J’ai été sur le point d’oublier Cécilia, j’en conviens, et j’ai tant souffert dans cette lutte, que je croyais n’y plus songer. Je m’attendais si peu à vous revoir aujourd’hui, et l’existence fantastique où vous me je les tout d’un coup est si nouvelle pour moi, que je ne puis vous rien dire, sinon que vous, devenu naïf et amoureux, elle, devenus expansive et brillante, son père, devenu sobre et lucide d’intelligence, votre château mystérieux, vos deux charmantes sœurs, ces figures inconnues qui m’apparaissent comme dans un rêve, cette vie d’artiste-grand-seigneur que vous vous êtes créée si vite dans un nid de vautours et de revenants, tandis que le vent siffle et que la neige