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me cachai sous la voûte qu’il formait entre les deux escaliers latéraux.

— Ne mets donc pas ainsi tes bras nus sur la neige, petite ; tu vas t’enrhumer, disait l’aînée. Qu’as-tu besoin de t’appuyer sur la balustrade ?

— Je suis fatiguée, et je meurs de chaud.

— En ce cas, rentrons.

— Non, non ! c’est si beau la nuit, la lune et la neige ! Ils en ont au moins pour un quart d’heure à arranger le cimetière, respirons un peu.

Le cimetière me fit ouvrir l’oreille ; la nuit sonore me permettait de ne pas perdre une de leurs paroles, et j’allais saisir le mot de l’énigme, lorsque quelqu’un de l’intérieur, ennuyé des cris du chien, ouvrit la porte et laissa passer la maudite bête, qui s’élança jusqu’à moi et s’arrêta à l’entrée de la voûte, indignée de ma présence, mais tenue en respect par la canne dont je la menaçais.

— Oh ! qu’ils sont ennuyeux d’avoir lâché Hécate ! disaient tranquillement ces demoiselles, pendant que j’étais dans une situation désespérée. Ici, Hécate, tais-toi donc ! tu fais toujours du bruit pour rien !


— Mais comme elle est en colère ! c’est peut-être un voleur ! dit la petite.

— Est-ce qu’il y a des voleurs ici ? me cria l’aînée en riant ; monsieur le voleur, répondez.

— Ou bien, c’est un curieux, ajouta l’autre. Monsieur le curieux, vous perdez votre temps ; vous vous enrhumez pour rien. Vous ne nous verrez pas.

— A toi, Hécate ! mange-le !

Hécate n’eût pas demandé mieux, si elle eût osé. Bruyante, mais craintive, comme le sont les levrettes, elle reculait hérissée de colère et de peur, quoiqu’elle fût de taille à m’étrangler.