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toquet à aigrette et en fustanelle, il nous avait semblé parler notre langue aussi bien que nous ; vêtu comme nous, les défauts d’élocution nous sautèrent aux oreilles. Il avait un zézayement désagréable et se servait d’expressions vulgaires ou prétentieuses. Ce fut bien pis quand il voulut se faire enjoué à notre manière. Il avait mis en réserve depuis son adolescence (et il avait trente-deux ans) un recueil de vieux lazzis qui avaient trop traîné sur les petits théâtres pour nous sembler drôles. Les lazzis qu’on transporte sur la scène sont déjà usés dans la coulisse quand on les abandonne au public. Jugez s’ils paraissent neufs quand ils ont passé par deux ou trois cents représentations ! Le prince tenait pourtant à nous les débiter pour nous faire voir qu’il était au courant, et, au lieu de nous parler de son romantique pays, de ses combats et de ses aventures, choses qui nous eussent grandement intéressés, il nous entretenait d’Odry dans les Saltimbanques ou des aventures scandaleuses de certains rats d’Opéra déjà hors d’âge et parfaitement oubliés.

Il essaya aussi d’être égrillard, bien qu’il fût chaste et froid comme un homme qui a trois femmes,