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d’écouter nos plaintes. C’était une sorte de maître Jacques qui, en ce moment, fourbissait des armes et des mors de chevaux. Comme il parlait italien, il nous apprit que le prince était parti de grand matin pour organiser la revue de son armée, qui devait avoir lieu sur la pelouse à dix heures. Il ajouta que probablement Son Altesse avait à cœur d’offrir ce divertissement à Nos illustrissimes Seigneuries. Libre à nous de le croire, mais en réalité le prince avait de plus sérieuses préoccupations.

Nos actrices, averties de la solennité qui se préparait, s’habillèrent du mieux qu’elles purent. Leurs toilettes de ville avaient bien éprouvé quelques avaries sérieuses sur le scoglio maledetto ; mais, avec le goût et l’adresse des Françaises et des artistes, elles réparèrent lestement le dommage, et purent se montrer dans une tenue qui nous faisait honneur. Elles nous rendirent le service de recoudre bien des boutons absents à nos habits et de repasser plus d’un col de chemise outrageusement déformé. Enfin, à dix heures, nous étions assez présentables, et après s’être fait annoncer, le prince nous apparut dans tout l’éclat de son costume de guerre, les jambières blanches rehaussées.