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mot de français ni d’italien. Tout ce qu’il put obtenir d’eux, ce fut d’être conduit dans une autre île, où il trouva les mêmes obstacles pour se faire comprendre, les mêmes difficultés pour gagner le continent. Vous savez que ce pays a été autrefois ravagé par de furieux tremblements de terre, dont l’un a même détruit de fond en comble la splendide cité de Raguse, la seconde Venise, comme on l’appelait alors. Moranbois trouva les habitants du rivage beaucoup plus effrayés pour eux-mêmes que pressés d’aller au secours des autres. Il se traîna jusqu’à Gravosa, qui est le faubourg et le port de guerre de Raguse, et, là, succombant à la fatigue, au chagrin, à la colère, il fut si mal, qu’on le porta à l’hôpital, où il crut mourir sans pouvoir nous sauver.

Quand il put se lever et s’aboucher avec les autorités locales, on le prit pour un fou, tant il était exalté par la fièvre et le désespoir. Son récit parut invraisemblable, et on parla de l’enfermer. Vous devinez bien que son langage, habituellement peu parlementaire, avait pris en de telles circonstances une énergie qui ne prévenait pas en sa faveur. On le soupçonnait de vouloir emmener une embarca-