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qui parlera de la mer, ou du vent, ou du rocher, ou de la faim et de la soif, enfin de quoi que ce soit qui rappelle l’accident désagréable qui nous retient ici.

— Adopté ! s’écria tout le monde.

Et on pria Léon de réciter des vers de sa façon.

— Non, répondit-il, mes vers sont toujours tristes. J’ai toujours considéré ma vie comme un naufrage, et il ne faut point parler de cela ici. Ce serait du plus mauvais goût, la chose est décrétée.

— Eh bien, reprit Bellamare, nous allons faire un peu de musique. La caisse aux instruments est chez vous, mesdames, elle vous sert de lit, si je ne me trompe ; ouvrons-la, et que chacun fasse ce qu’il pourra.

Il me donna le violon et prit la basse, Marco s’empara des cymbales, et Léon de la flûte ; nous étions tous un peu musiciens, car, dans les localités où l’on ne comprenait pas le français, nous chantions tant bien que mal l’opéra-comique, et, quand les musiciens manquaient à l’orchestre, l’un de nous dirigeait les amateurs et faisait sa partie.

L’effet de notre concert fut de nous faire fondre tous en larmes. Ce fut comme une détente géné-