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du pain, tout comme toi, mon maître, et nous savons fort bien le manger sec plutôt que de le tremper dans la fumée de ton cynisme intellectuel. Petit public qui fais les gros profits, apprends que le théâtre de Bellamare n’est pas ce que tu penses. On peut s’y passer de toi quand tu boudes ; on peut y attendre ton retour quand le goût du vrai te reviendra. C’est un duel entre nous et toi. Tu te mets en grève ? soit ! nous jouerons encore mieux devant cinquante personnes de goût que devant mille étourneaux sans jugement. » Mais… voyez au plafond ce rayon rouge qui fait paraître blêmes toutes nos figures fatiguées du passé, et qui, tout à l’heure, descendant sur nos fronts, les fera resplendir des joies de l’espérance ! C’est le soleil qui se lève, c’est la splendeur du vrai, c’est la rampe éblouissante qui monte de l’horizon pour éclairer le théâtre où toute l’humanité va jouer le drame éternel de ses passions, de ses luttes, de ses triomphes et de ses revers. Nous sommes, en tant qu’histrions, des oiseaux de nuit, nous autres ! Nous rentrons dans l’ombre du néant quand la terre grouille et s’éveille ; voici enfin un beau matin qui nous sourit comme à des êtres réels et qui nous