Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/331

Cette page n’a pas encore été corrigée

m’as toujours dit : « Mon enfant, quand les anges passent dans la poussière que nous soulevons, mettons-nous à genoux, car il y a des anges, quoi qu’on en dise ! » Je suis donc à jamais ton obligé, Bellamare, et ce n’est pas avec un ou deux ans de mon revenu que je peux m’acquitter envers toi. L’argent ne paye pas de pareilles dettes ! Je t’ai compris ; tu veux faire de l’art et non plus du métier. Eh bien, mon ami, recrute une bonne troupe pour compléter la tienne et joue de bonnes pièces toujours. Je ne crois pas que tu fasses fortune, il y a tant de gens qui aiment l’ignoble ! mais je te connais, tu seras heureux dans ta médiocrité, dès que tu pourras servir la bonne littérature et appliquer la bonne méthode sans rien sacrifier aux exigences de la recette.

— Voilà ! répondit Bellamare radieux et pénétré. Tu m’as compris, et mes chers associés me comprennent. Ô idéal de ma vie ! n’être plus forcé de faire de l’argent pour manger ! Pouvoir dire enfin au public : « Viens à l’école, mon petit ami. Si le beau t’ennuie, va te coucher. Je ne suis plus l’esclave de tes gros sous. Nous n’allons pas échanger des balivernes contre du pain. Nous en avons,