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cordes, forma le cabinet de toilette et le vestiaire de ces dames.

On s’occupa ensuite d’établir une vigie qui pût dépasser les écueils du côté de la mer. Nous guettâmes en vain les flots qui battaient notre prison ; ils n’apportèrent pas le moindre débris de la mâture de l’Alcyon. Les faibles rouleaux de nos toiles de théâtre ne purent résister à la plus faible brise de mer ; malgré l’art et le soin que nous mîmes à les assujettir, ils furent emportés au bout de peu d’instants et il fallut renoncer à planter le signal de détresse.

La nuit nous surprit avant que nous eussions pu songer à nous construire un abri quelconque. Le vent d’est revint et souffla de nouveau très-froid et très-rude. Trois ou quatre fois, nous dûmes replacer et consolider la tente des femmes, qui reposaient quand même, sauf Anna, qui rêvait et jetait de temps en temps un cri perçant ; mais les autres étaient trop accablées pour s’en préoccuper.

Il nous restait bien quelques mauvais copeaux pour allumer du feu ; Bellamare nous engagea à ménager cette ressource pour le moment extrême et dans le cas où l’un de nous se trouverait malade