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laissé dans la poche de sa pelisse et sortit comme pour le chercher dans l’antichambre ; mais il sortit de la maison, s’élança à pied à travers la neige et la nuit, et courut chez lui chercher le livre. Nous l’entendîmes sortir.

— Nous sommes seuls, me dit madame de Valdère ; parlez vite.

Je lui racontai tout ce qui s’était passé dans la journée.

— Ainsi, me dit-elle, ils sont partis ? Impéria ne le verra pas, elle ne saura pas qu elle est encore aimée, qu’elle est riche, qu’elle peut le rendre heureux ? Je ne puis accepter cela. Je ne veux pas devoir Laurence à une surprise, à un mensonge, car le silence en serait un. S’il doit aimer toujours mademoiselle de Valclos, il faut que mon destin s’accomplisse. Il en est temps encore ; il ne m’a rien promis, je ne lui ai fait aucun aveu, ni donné droit sur ma vie. Je partirai, vous ferez venir ici la troupe de Bellamare, et, si cette épreuve ne me chasse pas du cœur de Laurence, je reviendrai. Dites-lui tout de suite qu’il peut les rejoindre à Rouen. Il ira, j’en suis bien sûre… Moi, je m’éloignerai jusqu’à ce que je sache mon sort. Quel