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cœur. J’ai été poltron dans mon orgueil. J’ai renoncé à elle ! Et puis sa position et la mienne étaient trop disparates. Maintenant, je ne serais plus si timide et si susceptible. Je ne craindrais pas de lui paraître ambitieux, et je saurais vaincre sa méfiance ; mais elle n’est plus, ma destinée n’était pas d’être heureux en amour. Elle n’a pas su combien je l’aurais aimée, et, moi, j’ai été repoussé par Impéria, comme si le ciel eût voulu me punir de n’avoir pas saisi le bonheur quand il m’était offert.

— Oui, reprit madame de Valdère ; en cela, vous avez été très-coupable envers vous-même, et vous avez cruellement méconnu une femme aussi loyale et aussi sincère que vous. Mon amie était de bonne foi quand elle vous écrivait pour vous offrir son concours auprès d’Impéria. Elle n’était ni méfiante ni hautaine. Elle était brisée de douleur, elle se sacrifiait. Elle n’était point parfaite, mais elle avait la candeur complète des âmes romanesques ; en prenant peur de son caractère, vous avez fait, permettez-moi de vous le dire, la plus grande bévue qu’un homme d’esprit puisse faire. Elle était d’une douceur qui dégénérait en faiblesse, et vous eussiez