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des d’oisiveté qui me rendraient fou. Ceux qui servent le gouvernement sont des machines. Ceux qui ont de l’indépendance dans les idées ne se servent pas de leur énergie intérieure ou s’en servent mal. Tous prennent au sérieux cette chose sans cohésion et sans but qu’ils appellent le monde, et où je n’aperçois rien qui ait un sens sérieux. Non, non, encore une fois, ne croyez pas que je m’en méfie de parti pris, j’y cherche au contraire avec anxiété le point lumineux qui pourrait m’attirer et me passionner. Je n’y vois qu’un fourmillement de petites choses effacées, incomplètes, inachevées. Je n’ai encore vu que les répétitions de la pièce qu’on y joue. Eh bien, cette pièce est décousue, incompréhensible, sans intérêt, sans passion, sans grandeur et sans gaieté. Les acteurs que j’ai pu étudier sont incapables de la débrouiller, car ceux qui auraient du talent sont dédaigneux ou blasés, ou bien ils sentent que leurs rôles sont irréalisables, et ils les jouent froidement. J’ai été nourri, moi, de nobles tragédies et de beaux drames. La plus mauvaise œuvre d’art a d’ailleurs un plan et vise à prouver quelque chose ; une soirée dans le monde semble n’avoir pour but que de tuer le temps. Que voulez