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aussitôt que je m’arrête un instant, je bâille et j’ai envie de pleurer. Je ne fus pas longtemps sans m’apercevoir que, si je voulais m’épargner beaucoup de désagréments et de méfiances, il fallait que je répondisse aux politesses qui m’étaient adressées. J’avais pris une liste des amis et connaissances de mon oncle. J’avais adressé des billets de faire part en mon nom, puisque j’étais l’unique représentant de la famille. Je reçus beaucoup de cartes, et même celles des plus gros bonnets. Je risquai mes visites. Je fus accueilli avec plus de curiosité que de bienveillance ; mais il parait que je triomphai d’emblée de toutes les préventions. On me trouva beaucoup de fond et un ton parfait. On sut que, dans mes affaires de prise de possession, je m’étais conduit en grand seigneur. Toutes mes visites me furent rendues. On me trouva occupé à rhabiller mes vieux murs, et on comprit que je n’étais pas un bourgeois ignorant. Mon goût et mes dépenses me posèrent en savant et en artiste, mon isolement acheva de me poser en homme sérieux. On s’était imaginé que j’amènerais mauvaise compagnie ; quelle compagnie pouvais-je amener ? Des acteurs ? Je ne saurais où prendre un seul de ceux