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même qui vous raconte aujourd’hui une histoire archiromanesque. Elle est vraie de tous points, et je ne vous en ai dit que les péripéties les plus accusées pour ne pas lasser votre patience.


Laurence termina ici son récit et me quitta, remettant au lendemain le plaisir d’écouter mes réflexions. Il était deux heures du matin. Mes réflexions ne furent ni longues ni gourmées. J’admirais cette nature dévouée. Je chérissais ce cœur généreux et droit. Je ne comprenais pas beaucoup sa persistance à aimer une femme froide ou préoccupée. J’étais un homme planté au beau milieu de l’état social tel qu’il est. Je n’avais pas l’instinct romanesque ; c’est pour cela peut-être que le récit de Laurence m’avait intéressé vivement, car l’intérêt repose toujours sur une bonne part d’étonnement, et un narrateur qui serait complètement au point de vue de son auditeur ne l’amuserait nullement, j’en suis certain.

La seule observation que j’aurais pu faire à Laurence est celle-ci : « Vous ne finirez certes pas votre vie dans les conditions où vous la subissez maintenant. Vous ne serez pas plutôt libre que