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une inquiétude qu’elle ne put me dissimuler. Bellamare lui dit devant moi :

— Ma fille, je sais fort bien de quoi il va être question ; j’ai deviné depuis longtemps. Tu dois écouter Laurence sans effroi, sans pruderie, et lui répondre sans réticence et sans mystère. Je ne connais pas tes secrets, je n’ai aucun motif et aucun droit de te questionner ; mais Laurence doit les savoir, les apprécier, et en tirer la conséquence de sa conduite future. Sortons tous les trois, allons dans la campagne, je vous laisserai causer seuls. Je ne veux pas avoir une opinion, une influence quelconque avant que Laurence t’ait parlé librement et à cœur ouvert.

Nous nous enfonçâmes dans une petite gorge ombragée où coulait une eau limpide, et Bellamare nous quitta en nous disant qu’il reviendrait dans deux heures.

Impéria me faisait l’effet d’une victime résignée à l’épreuve douloureuse d’une confidence redoutée depuis longtemps et parfaitement inutile.

— Je vois bien, lui dis-je, que vous m’avez deviné aussi, que vous me plaignez, et que vous