Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée

nous eût arrachés. Nous étions, comme tous les artistes, très-railleurs et très-facétieux les uns avec les autres ; mais lui, le plus facétieux et le plus railleur de tous, il avait une conviction si ardente dans les occasions sérieuses, qu’il nous rendait enthousiastes comme lui.

Nous n’eûmes donc pas un regret pour notre fortune évanouie, et Moranbois dut en prendre son parti comme les autres.

Durant la traversée, nous eûmes tous la préoccupation de retrouver lo scoglio maledetto.

Nous l’eussions certes reconnu entre mille ; mais nous ne le rencontrâmes certainement pas, ou nous le rencontrâmes durant la nuit. En vain interrogions-nous les gens de l’équipage et les passagers ; on ne pouvait nous renseigner, puisque nous avions baptisé notre île au hasard, et qu’aucun de nous n’était assez géographe pour mettre les gens compétents sur la trace. Deux ou trois fois, il nous sembla qu’elle nous apparaissait dans la brume du soir : c’était un rêve. Là où nous pensions voir des formes connues, il n’y avait rien.

— Gardons ce rocher dans notre imagination,