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occupâmes du départ pour le surlendemain. Nous ne voulions pas exploiter notre mésaventure en battant la grosse caisse pour faire quelque argent dans le pays ; nous étions d’ailleurs trop fatigués pour nous remettre au travail. Le jour suivant, nous vîmes arriver nos costumes et nos décors que le prince nous renvoyait, sans se douter de nos revers. Sans doute, s’il les eût connus, il nous eût offert quelque dédommagement, et peut-être l’eussions-nous accepté sans le souvenir de notre pauvre Marco, qui était désormais entre nous et ses largesses. Nous ne voulûmes même pas lui écrire ce qui nous était arrivé. S’il sévissait contre nos guides, une révolte contre lui pouvait éclater. C’était assez de victimes comme cela. — Nous n’avions qu’une idée, quitter au plus vite ce pays qui nous avait été si désastreux.

Nous achetâmes quelques nippes et nous retînmes nos places sur le bateau à vapeur du Lloyd autrichien pour Trieste. En soupant dans l’unique hôtel de la ville et en causant de notre dernière aventure, Moranbois nous dit qu’il nous coûtait plus cher qu’il ne valait.

— Tais-toi, lui dit Bellamare ; rien ne vaut un