Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/170

Cette page n’a pas encore été corrigée

cravates… — Et toi, Laurence…, rentre ce bout de courroie qui te fait une queue. Les naturels du pays sont capables de te prendre pour un Nyam-Nyam.

Je cherchai et tirai ce bout de courroie ; c’était le reste de la petite ceinture que je portais toujours sous mon gilet et qui contenait mes billets de banque. Ne pouvant la déboucler assez vite, je l’avais tirée avec impatience et, comme elle était fort usée, elle s’était rompue. J’avais jeté sur le tas de nos dépouilles opimes ce qui m’était venu à la main, croyant sacrifier ainsi en conscience ma dernière ressource.

Quelle fut ma surprise lorsqu’en regardant la portion qui restait pendue à mes reins, je vis qu’elle contenait encore mes cinq mille francs à peu près intacts !

— Miracle ! m’écriai-je ; mes amis, la fortune nous sourit, et l’étoile des bohémiens nous protège ! Voici de quoi retourner en France sans demander l’aumône. Déjeunons richement, s’il se peut. J’ai de quoi remplacer les boutons de manchettes et les foulards qui vont payer notre écot, car mon papier n’a pas cours dans ce désert.