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avaient entendu des voix étrangères, ils venaient à ma rencontre.

— Remontons, leur dis-je épuisé ; aidez-moi, remontons !

En trois mots, tout fut compris, et il n’y eut pas un moment d’hésitation. La défense était impossible, les trois guides qui nous restaient avaient disparu. Sans doute, n’osant se venger eux-mêmes, ils nous avaient conduits et livrés aux brigands de la frontière.

Nous laissâmes tout, même nos manteaux de voyage et nos armes. Nous jetions tout par terre avec une hâte fiévreuse, délirante. Nous n’avions qu’une pensée, courir plus vite au bas de la montagne et retrouver notre ami. On nous trompait peut-être ! on l’assassinait peut-être pendant que nous laissions tout pour le sauver. On allait peut-être nous assassiner aussi quand on nous verrait seuls et désarmés. N’importe ; une chance de salut pour Moranbois et cent contre nous, il ne fallait pas hésiter.

Le bandit, qui m’avait suivi, était là perché sur une roche, le fusil armé entre les mains. Nous ne faisions aucune attention à lui. Quand il se fut assuré que nous n’emportions rien et que nous y