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vages fleurs du printemps ! Oiseaux qui traversez le ciel sur nos têtes, voyageurs ailés plus heureux que nous, vous êtes les seuls témoins que nous puissions invoquer ! La nature, indifférente à nos larmes, rouvrira du moins son sein maternel à ce qui fut un corps, et reportera à Dieu, principe de la vie, ce qui fut une âme. Esprits de la terre, essences mystérieuses, souffles et parfums, forces indéfinissables, recueillez la parcelle de généreuse vitalité que laisse ici cet enfant immolé par la férocité des hommes, et, si quelque malheureux exilé comme nous vient par hasard fouler sa tombe, dites-lui bien bas : « Ici repose Pierre Avenel, dit Marco, égorgé à dix-huit ans loin de sa patrie, mais béni et arrosé des larmes de sa famille adoptive. »

Impéria nous donna l’exemple, et nous baisâmes tous la terre à la place qui cachait le front du pauvre enfant. Nous trouvâmes le prince qui nous attendait dans la chapelle. Il était triste, et je crois qu’il nous parla sincèrement cette fois.

— Mes amis, nous dit-il, je suis navré de ce double meurtre, et, accompli dans de telles conditions, je le regarde comme un crime. Vous allez emporter de nous une triste opinion ; mais faites la part de