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qu’aucun de nous ne songeait à lui. Nous nous ménageâmes une fente entre le divan et la fenêtre, et nous fîmes une décharge qui éloigna l’ennemi ; mais il revint, il fallut se renfermer de nouveau et recommencer. Je crois qu’il y eut un homme blessé. On jugea que nous étions inexpugnables de ce côté-là, on réunit tous les efforts contre la porte, qui céda, mais que Moranbois soutint de manière à ne laisser passage que pour un homme à la fois. Bellamare saisit le premier qui se présenta, il l’étreignit au cou et le jeta sous ses pieds ; les autres en se précipitant l’étouffèrent presque en lui marchant sur le corps. Je m’emparai du second. Il nous était facile de saisir le canon de leurs fusils aussitôt qu’ils se présentaient, de détourner le coup et d’attirer l’homme à nous. Cette lutte corps à corps n’était nullement prévue par eux. Ils ne nous croyaient pas capables de résister ainsi. Ils ne se faisaient pas la moindre idée de cette force d’élan spontané qui rend le Français invincible à un moment donné ; ils étaient neuf contre nous quatre, mais nous avions l’avantage de la position. Ils vinrent dix, ils vinrent douze, ils étaient tous là ; mais trois ou quatre étaient hors de combat,