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— Jamais, répondit le montagnard inflexible sans quitter son accent prétentieux et glacé.

— Je vais te tuer ! lui dit Moranbois.

— Tuez, reprit-il ; je suis prêt.

Que faire ? Nous étions désarmés par ce stoïque mépris de la vie. La vengeance était d’ailleurs trop facile.

— Tu nous diras au moins, reprit Moranbois, le nom du bourreau ?

— Il n’y a pas de bourreau, répondit le commandant. J’ai tué moi-même les coupables avec ce sabre que vous tenez. Si vous vous en servez contre moi, vous ferez un crime. Moi, j’ai fait mon devoir.

— Je ne te tuerai pas, reprit Moranbois ; mais je veux te battre comme un chien, et je te battrai. Mets-toi en défense, tu es l’homme le plus fort du pays, je t’ai vu à l’œuvre dans les exercices. Allons, défends-toi. Je veux te renverser et te cracher au visage. Seulement, pas un cri, pas un signal à tes gens, ou je te fais sauter la cervelle comme à un lâche.

Nikanor accepta le défi avec un sourire dédaigneux. Moranbois le saisit à la ceinture, et tous