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dans la montagne, le prince nous faisait escorter ; nous allions alors chasser, et les femmes nous rejoignaient avec les provisions pour déjeuner dans les sites les plus sauvages. Nous étions affolés de découvertes, et personne ne se souciait plus du vertige.

Les habitants de la vallée nous avaient pris en amitié et nous offraient une hospitalité touchante. C’était les plus honnêtes, les plus douces gens du monde. Le soir, quand nous rentrions dans la forteresse, il nous semblait rentrer chez nous, et le grincement du pont-levis derrière nous ne nous causait aucune mauvaise impression. Nous prolongions les études, les dissertations littéraires, les gais propos, les rires et les gambades jusque fort avant dans la nuit. Nous n’étions jamais épuisés, jamais las.

Le prince s’absentait souvent et toujours inopinément. Se préparait-il à un coup de main, comme son groom le pensait, ou chauffait-il son parti pour en prendre la direction suprême ? Meta, qui bavardait plus que nous ne le lui demandions, prétendait qu’il y avait de grandes intrigues pour et contre sou maître, qu’il y avait un compétiteur plus sé-