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― Et il a une profession ?

― Il va en avoir une dans six mois.

― Fort bien, répliqua mon oncle Nasias, c’est le gendre qui me convient ; mais il aura la bonté d’attendre qu’il ait réellement le titre de son emploi. Je ne suis pas homme à changer d’idée, et je vais sur-le- champ le lui déclarer tout en faisant connaissance avec lui. Quant à toi, dépêche-toi d’oublier Laura, et, si tu veux devenir en peu de temps hardi, intelligent, riche et actif, apprête-toi à me suivre. Je repars dans quelques jours, et il ne tient qu’à toi que je t’emmène. Allons maintenant voir si la famille me reconnaîtra et me fera un meilleur accueil que le tien.

Je ne me sentis pas le courage de le suivre. J’étais brisé par la fatigue. Mon oncle Nasias était loin de m’être sympathique et n’annonçait point devoir être favorable à mes espérances ; mais le mariage de Laura était retardé, et il me semblait qu’en six mois, d’immenses événements pouvaient survenir et changer la face des choses.

Quand je m’éveillai, aux premières lueurs du