Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en plaçant sur mon front quelque chose de froid qui me fit l’effet d’un glaçon. Reviens à toi et reconnais ta cousine, ton oncle Tungsténius et ton ami Walter, qui te conjurent de secouer cette léthargie.

― Non, non, ce ne sera rien, dit mon oncle, qui me tenait le poignet pour interroger les battements du pouls ; mais, une autre fois, quand tu auras un peu trop bavardé à déjeuner en avalant coup sur coup avec distraction des lampées de mon petit vin blanc du Neckar, ne t’amuse pas à casser avec ta tête les vitrines du cabinet et à disperser comme un fou les cristaux et les gemmes de la collection. Dieu sait quel dégât tu aurais pu faire, si nous ne nous étions trouvés là, sans compter que ta blessure eût pu être plus grave et te coûter un œil ou une partie du nez !

Je portai machinalement la main à mon front et je la retirai rougie de quelques gouttes de sang.

― Laisse cela tranquille, me dit Laura, je vais changer la compresse ; bois un peu de ce vulnéraire, mon enfant, et ne nous regarde pas d’un air