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— À ton aise ! reprit-elle ; mais je te retire aussi la parole, car je ne veux pas que tu ennuies mon ruisseau par de sottes questions.

Je restai seul, muet, paralysé, et, sauf l’âme, tout semblait mort en moi.

Cette situation n’ayant rien d’agréable ni de rassurant, je résolus de sonder le problème, dussé-je n’en jamais sortir, pour conjurer du moins l’ennui de ma captivité.

En ce moment, chose bizarre, je me sentis tout à coup devenir fort sceptique.

— Je sais fort bien, me disais-je, que je n’ai ni vu ni entendu la nymphe, qu’elle n’existe pas, et que, par conséquent, elle n’est pour rien dans l’état bizarre où je me trouve. C’est mon imagination surexcitée qui est cause de tout ceci, et le vrai remède est de trouver dans ma raison une formule de délivrance. Mon rêve de tout à l’heure disait quelque chose de très-logique : « Quand la vérité luira en toi, le vertige se dissipera de lui-même. » Cherchons la vérité que m’a présentée la fantaisie,