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— Imbécile ! reprit Lothario, un instrument n’est pas une voix. Tu prends une cause pour un effet.

— Imbécile toi-même ! lui dis-je. Veux-tu que j’ouvre ton larynx et que j’en arrache les organes du son, ou que je brise tes dents, que je supprime ta langue, et que je te réduise à ne plus produire que d’affreuses grimaces ou de sourds grognements pour tout langage ? Qu’aurai-je fait, alors ? J’aurai détruit en toi le plus bel instrument de la création et l’effet avec la cause, la cause avec l’effet, le verbe, le logos, le dieu qui se manifeste par la bouche de l’homme.

— Calme-toi, reprit Lothario. En vérité, mon pauvre Théodore, tu bats, aujourd’hui particulièrement, la campagne, et je veux te prouver ta sottise.

Il s’assit sur la mousse et parla ainsi :

— Il n’y a pas seulement dans la création terrestre, qui est, j’en conviens, une œuvre d’intelligence divine, des causes et des effets. Il y a un troisième élément d’harmonie, ou plutôt il y a l’harmonie