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naît avant d’être enfourché et s’efforce de lui échapper. À quoi le reconnaît-il ? À son habit, à son chapeau ? Non, à ses traits. Un de mes amis, mauvais écuyer, était toujours haï de sa monture, docile d’ailleurs. Il prit les habits de son domestique. L’animal ne fut pas trompé. Le maître avait gardé ses lunettes ; on lui en fit l’observation : il mit les lunettes sur le nez de son domestique, et revint avec lui. Le cheval n’avait pas vu l’échange ; mais il accueillit bien le domestique déguisé en maître, et résista au maître déguisé en valet.

Il y a des gens qui croient encore que les chiens ne connaissent les personnes que par l’odorat. Certes, l’odorat joue un grand rôle dans la perspicacité cynégétique du chien ; mais sa vue, sa faculté d’observation, sa mémoire et son sentiment le servent aussi bien que ses narines.

Le cheval, le bœuf, le chien pleurent. Ils ont des larmes de désespoir comme le cerf aux abois, mais ils ont aussi des pleurs de douleur et de tendresse. Mon frère a vu un cheval écraser par mégarde le pied de l’homme qui le soignait, et, en le voyant